Ecovadis : contrainte administrative ou opportunité stratégique ?
« Ecovadis, c’est quoi exactement ? Une médaille RSE, une note marketing, un audit de plus imposé par les grands comptes ? »
Découvrez mon épisode 50 de mon podcast markoeur sur la notation ÉcoVadis ! Si vous êtes dirigeant·e de PME, responsable marketing, achats, RH ou RSE, il y a de fortes chances que cette question vous traverse l’esprit. Et pour cause : la notation Ecovadis s’est imposée en quelques années comme un passage quasi obligé pour travailler avec des grands groupes ou répondre à certains appels d’offres.
Souvent perçue comme un casse-tête chronophage, elle peut pourtant devenir un véritable outil de pilotage RSE et un levier business, à condition de ne pas la traiter comme une simple formalité.
Dans cet article, on démystifie Ecovadis :
- ce que c’est réellement (et ce que ce n’est pas),
- comment fonctionne la notation,
- pourquoi elle est devenue incontournable,
- les pièges à éviter,
- et surtout comment transformer cet exercice en opportunité stratégique pour votre entreprise.
I. Ecovadis, c’est quoi exactement ?
-1. Une plateforme de notation RSE, pas un label
Ecovadis est une plateforme d’évaluation de la performance RSE des entreprises, créée en 2007 à Paris. Aujourd’hui, plus de 150 000 entreprises sont évaluées, dans 185 pays et 250 secteurs d’activité.
Point essentiel à clarifier : Ecovadis n’est ni un label ni une certification.
- ❌ Pas un label comme Lucie, B Corp ou Engagé RSE
- ❌ Pas une certification ISO (14001, 26000, 50001…)
- ✅ Une notation basée sur des preuves, comparant votre entreprise aux autres évaluées
L’objectif principal : permettre aux donneurs d’ordre (grands groupes, acheteurs, marchés publics) d’évaluer rapidement la maturité RSE de leurs fournisseurs.
-2. Un standard devenu incontournable
En 2025, Ecovadis est devenu un standard de fait dans de nombreuses filières : industrie, IT, conseil, services B2B, marchés publics…
Pour les grandes entreprises, c’est un gain de temps : plutôt que de multiplier les questionnaires RSE, elles s’appuient sur une évaluation unique, mise à jour régulièrement.
Pour les PME, c’est souvent un sésame commercial… ou un frein si la démarche n’est pas anticipée.
II. Comment fonctionne la notation Ecovadis ?
-1. Un questionnaire personnalisé mais exigeant
La démarche démarre par un questionnaire en ligne, dont le contenu dépend :
- de la taille de l’entreprise,
- de son secteur d’activité,
- de son pays d’implantation.
Le questionnaire couvre 4 grands piliers :
Environnement
- émissions de CO₂,
- consommation d’énergie,
- gestion des déchets,
- actions de réduction d’impact, etc.
Social & droits humains
- conditions de travail,
- santé et sécurité,
- diversité et inclusion,
- respect des droits fondamentaux, etc.
Éthique des affaires
- lutte contre la corruption,
- pratiques commerciales loyales,
- protection des données,
- conformité réglementaire, etc.
Achats responsables
- exigences RSE vis-à-vis des fournisseurs,
- clauses contractuelles,
- suivi et évaluation des partenaires, etc.
-2. Des preuves, rien que des preuves
Ecovadis n’évalue pas du déclaratif. Chaque affirmation doit être documentée :
- politiques internes,
- chartes,
- bilans carbone,
- procédures,
- preuves de sensibilisation des équipes,
- indicateurs de résultats (KPI).
La méthodologie repose sur trois niveaux :
- Politiques (ce que vous annoncez),
- Actions (ce que vous mettez en œuvre),
- Résultats (ce que vous mesurez).
III. Notes et médailles : comment sont-elles attribuées ?
Ecovadis attribue une note sur 100, assortie éventuellement d’une médaille, selon votre rang percentile par rapport à toutes les entreprises évaluées sur les 12 derniers mois.
- 🥉 Bronze : top 35 % (percentile ≥ 65)
- 🥈 Argent : top 15 % (percentile ≥ 85)
- 🥇 Or : top 5 % (percentile ≥ 95)
- 🏆 Platine : top 1 % (percentile ≥ 99)
⚠️ Important : la comparaison se fait tous secteurs confondus, pas uniquement dans votre secteur.
La note est valable 12 mois. Ensuite, il faut recommencer.
Pourquoi ? Parce que la RSE repose sur une logique d’amélioration continue (le fameux cycle PDCA : Plan – Do – Check – Act).
IV. Pourquoi Ecovadis est devenu stratégique pour les entreprises
-1. Un critère clé dans les appels d’offres
Aujourd’hui, la pondération des critères RSE peut représenter 20 à 30 % de la note finale d’un appel d’offres.
Sans évaluation Ecovadis :
- dossier pénalisé,
- voire écarté.
Avec une bonne note :
- différenciation immédiate,
- crédibilité renforcée.
-2. Anticiper les réglementations (CSRD, achats responsables)
Même si la CSRD a été partiellement décalée, les exigences RSE augmentent déjà dans les chaînes de valeur.
Les grands groupes utilisent Ecovadis pour :
- filtrer leurs partenaires,
- sécuriser leur conformité réglementaire.
La loi Climat et Résilience impose déjà des critères environnementaux dans les marchés publics. Ecovadis permet d’y répondre de manière structurée.
-3. Valoriser l’entreprise et sécuriser sa pérennité
Une bonne notation Ecovadis :
- rassure clients et partenaires,
- crédibilise la communication RSE,
- peut peser dans une levée de fonds, un rachat ou une fusion.
-4. Structurer les process internes
Le questionnaire agit comme un révélateur :
- formalisation des politiques RH,
- clarification de la gouvernance,
- mise en place de procédures éthiques,
- structuration des achats responsables,
- meilleure gestion des risques (sociaux, climatiques, cyber).
Résultat : plus de clarté, plus d’efficacité, et un pilotage RSE renforcé.
-5. Recrutement et fidélisation des talents
Les collaborateurs – notamment les moins de 35 ans – sont de plus en plus sensibles au sens au travail.
Une démarche RSE crédible, évaluée et suivie, devient un atout RH majeur.
V. Deux cas concrets d’entreprises accompagnées
-1. Cas n°1 : PME de 100 collaborateurs – de bronze à argent
- Note initiale : 50/100 (bronze)
- Travail sur la matérialité et la gouvernance
- Formalisation des politiques clés
- Renforcement des achats responsables
- Intégration du bilan carbone (scopes 1, 2, 3)
👉 Résultat : 76/100, médaille d’argent, 94e percentile, et ouverture de nouveaux référencements grands comptes.
-2. Cas n°2 : PME de 50 collaborateurs – structuration accélérée
- Note initiale : 55/100 (bronze)
- Mise à jour de plus de 40 documents
- Création de chartes environnementales et éthiques
- Structuration des reportings
👉 Résultat : 70/100, médaille d’argent, reconnaissance interne et externe.
VI. Les pièges à éviter absolument
❌ Penser que c’est un simple questionnaire
Sans preuves solides, la note chute.
❌ Croire qu’une médaille suffit
Ecovadis évolue chaque année. Rien n’est acquis.
❌ Confier le sujet à une seule personne
La démarche doit être transverse : RH, achats, finance, IT, marketing, direction.
❌ Utiliser la note comme vitrine marketing
Sans actions concrètes, le greenwashing est vite détecté.
VII. Comment bien se préparer et en faire un levier durable
- Faire un état des lieux honnête
- Mobiliser toutes les équipes
- Anticiper la collecte des preuves
- S’inscrire dans une logique de progrès continu
- Valoriser la note avec cohérence dans la communication
Conclusion – Ecovadis, un investissement stratégique
Ecovadis n’est ni une contrainte inutile, ni une simple médaille à afficher.
Bien utilisé, c’est :
- un outil de structuration interne,
- un levier de crédibilité,
- un avantage concurrentiel durable.
👉 Anticiper aujourd’hui, c’est éviter de subir demain.
Si vous souhaitez structurer votre démarche RSE, préparer Ecovadis sereinement et en faire un véritable levier business, un échange exploratoire est souvent le meilleur point de départ.
Parce que le marketing durable n’est pas une option, mais un marqueur de la bonne santé des entreprises.
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- N°10 – Tourisme durable : Adapter le marketing aux enjeux du tourisme responsable
- N°14 – Pasquine Albertini : Ancrage territorial et influence des entreprises
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- N°18 – Emma Scribe : Clés marketing du succès Team for the Planet
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- N°21 – Marion Kulczycki : Structurer des achats responsables efficacement
- N°28 – Sylvain Waserman : L’ADEME moteur de transition écologique
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- N°38 – Laurent Barbezieux : Comprendre et réduire l’empreinte carbone
- N°39 – Philippe Jourdan : RSE et souveraineté économique expliquées
- N°43 – Antoine Poincaré : Former les équipes aux enjeux climatique
- N°46 – Sabine Jean Dubourg : Les achats responsables transforment durablement l’entreprise
- N°47 – Alan Fustec : Réinventer l’entreprise par la RSE
- N°48 – Fabrice Bisson : Le vélo électrique comme levier d’image
- N°50 – EcoVadis : Comprendre la notation RSE des entreprises
- N°53 – Produrable 2025 : Cinq conférences pour accélérer la transition
- N°55 – Valérie Jourdan : Redonner du sens à la RSE

